Si la violence conjugale est aujourd'hui reconnue comme une question de société légitime, il n'en a pas toujours été ainsi. C'est grâce aux mobilisations féministes des années 1970, qui définissent alors la violence dans le couple comme une violence faite aux femmes - produit des rapports de domination entre les hommes et les femmes -, que ce phénomène est sorti de la dénégation sociale dans laquelle il était tenu. Comment une cause féministe devient-elle un problème public dont s'emparent les associations, les institutions internationales et l'État ?
À travers la question des violences conjugales et en comparant des cas français et américain, à Paris et à Los Angeles, Pauline Delage analyse avec acuité quelles sont, de part et d’autre de l’Atlantique, les formes légitimes de l’intervention publique dans le domaine de l’intime et des inégalités sexuées.
Avertissement
Préambule
Introduction
Une administration coloniale à Paris
Du « bureau des pétitions » à celui « des interventions »
Ombres des scripteurs et figures d'écrivains publics
Une histoire coloniale qui « remet le colonial à sa place »
Une diglossie heuristique
À l’échelle de la Kabylie
Structure du récit et parcours de lecture
Akbou, 12 mai 1934
Chapitre 1 – La République au village kabyle
Des communes « mixtes »
Des douars oubliés
Le caïd du douar
La « crise du caïdat »
« L’économie morale » des relations entre les caïds et leurs administrés
Appartenances sociales et « héritages immatériels » occultés
Rue Lecomte, Paris (17e arr.), 4 janvier 1934
Chapitre 2 – « Empêchez l’exode de vos mesquines »
Du « resserrement » au « rapatriement »
Une « émigration inéluctable »
Exigences de contrôles et revendications de la « liberté de voyage »
Circulations kabyles
Les rapatriements comme ultimes recours
Alger, mars 1934
Chapitre 3 – Les répertoires des pétitionnaires
D’innombrables pétitions
Des appels à l’intercession
Un ordonnancement social des adresses à l’administration
Mizan, mars 1936
Chapitre 4 – Des droits à (r)établir
Immigré-colonisé, de quel droit ?
« Trouver son juge en Algérie n’est point toujours facile »
La justice coloniale au miroir de l’émigration
Akbou, 12 septembre 1934
Chapitre 5 – Une terre à défendre
Les formes multiples de la dépossession foncière
Des émigrés à la reconquête de la terre perdue ?
« Décolonisation » des terres et déprise agricole
Commune des Bibans, 4 février 1934
Chapitre 6 – Ordonner les familles
Des femmes misérables et des familles fragilisées ?
Spectre et présence de la roumia
Des enfants illégitimes ?
Conclusion. L’adresse aux autorités comme « art de la présence »
Bibliographie
Remerciements